Discours prononcé par M. Ian McPhail à Edmonton (Alberta) sur la question du leadership et de la CPP

Edmonton, Alberta - 2010-03-18

Réunion de planification des activités de la Division « K » – 2010

Je sais que le seul fait de mentionner la Commission peut provoquer chez certains d'entre vous une crise d'indigestion, mais je voulais m'assurer de m'adresser directement aux membres de la GRC la première fois où j'allais prendre la parole en tant que président intérimaire de la CPP.

Vous me connaissez peut-être peu en dehors de la description que les médias ont faite de moi, soit que je suis « avocat spécialisé en immobilier ».

Il est vrai que je dirige mon propre cabinet d'avocats, qui s'occupe, entre autres, de droit immobilier.

Il n'est pas dans ma nature de mettre de l'avant mes réalisations personnelles, mais mes collègues à la CPP ont insisté pour que je mette mon humilité écossaise de côté, le temps de vous éclairer quelque peu mon parcours et vous montrer toute l'importance que j'accorde à la fonction publique.

De toute évidence, là où il est question de l'engagement à servir, nous sommes tous animés ici du même esprit.

En vérité, je ne voudrais surtout pas comparer mon expérience à celle de l'homme ou de la femme qui décide de revêtir l'uniforme et de jurer allégeance à Sa Majesté et au pays, prêt à tout sacrifier – jusqu'à sa vie.

Ne serait-ce que pour cela, vous avez droit à toute mon admiration.

Mon oncle faisait partie de la Gendarmerie royale.

Malheureusement, il a été blessé dans l'exercice de ses fonctions et a reçu son congé d'invalidité. Il est mort peu de temps après, laissant une jeune veuve et un fils âgé d'un an.

J'ai grandi dans une famille qui était très attachée à l'idée de servir.

Certains membres ont brigué les suffrages — chez les Libéraux, chez les Conservateurs, au CCF. Mon grand-père était maire de Sault Ste. Marie.

Sa cousine — Agnes Macphail, qui représentait le vieux parti de Tommy Douglas, le CCF — a été la première femme élue à la Chambre des communes.

Mon cheminement m'aura amené à servir la collectivité.

Plus particulièrement, j'ai œuvré à la Toronto Chinese Community Services Association, à la Cabbage Town South Community Association et à l'hôpital Grace de Toronto.

Quant à mon parcours professionnel, j'exerce le droit depuis 30 ans.

En ce qui a trait à ma nouvelle nomination, je crois que mon expérience à la tête d'organismes gouvernementaux compte probablement davantage.

Pendant cinq ans et demi, j'ai dirigé trois organismes ontariens à titre permanent ou intérimaire — le Tribunal de l'environnement, la Commission des alcools et des jeux et TV Ontario. Je suis très fier du travail que nous avons accompli au sein de chacun de ces organismes.

Dans chaque cas, je crois y avoir exercé un solide leadership.

Cela a été un honneur pour moi de me faire proposer les postes, à temps partiel, de vice-président et de président par intérim de la CPP.

Si j'ai accepté, c'est qu'on me demandait d'aider un organisme important à s'adapter à un nouveau mandat — mandat qui, je crois, est aussi important aux yeux de la GRC qu'il l'est aux yeux des Canadiens.

Je vous en parlerai dans un instant.

Vous occupez tous des postes de direction; je vais donc vous parler de ma façon d'aborder le leadership, de ma façon de concevoir la direction d'un organisme comme la CPP.

Toutes les mesures qui y sont prises doivent être empreintes d'équité et d'impartialité. Un dirigeant doit prêcher par l'exemple, mais ce n'est là qu'un début.

Quelles que soient les pressions qui s'exercent sur lui, l'organisme doté d'un certain mandat — par exemple celui qui est confié à la CPP — doit s'assurer que, du début à la fin, ses actions sont marquées par l'équité et l'impartialité.

Je peux vous rassurer là-dessus : à l'époque où j'étais président du Tribunal de l'environnement de l'Ontario, il ne manquait pas de groupes et d'intérêts spéciaux.

Je voulais élargir l'accessibilité du public au processus d'examen.

Ouvrir à toutes les personnes intéressées les audiences tenues à l'établissement de Toronto, voilà qui n'était pas si important ni d'ailleurs si commode pour toute personne vivant à l'île Pelée, à Windsor ou quelque part le long de l'escarpement de Niagara.

élargir l'accessibilité, c'était adopter à ce chapitre des mesures vraiment concrètes.

Le Tribunal s'est donc lancé sur les routes pour aller entendre tout ce que les gens touchés directement par la question avaient à dire.

L'accessibilité accrue du public est devenue alors un fait démontrable qui rendait la démarche du Tribunal d'autant plus crédible.

Tout de même, il n'y a pas que l'équité procédurale qui compte.

La démarche judiciaire et l'accessibilité du tribunal doivent être faciles à comprendre et d'un accès facile.

Quant à la relation entre la GRC et la CPP, il y a une chose qui me paraît juste : en général, nous pouvons tous nous entendre pour dire que la confiance du public est un élément clé de l'efficacité de toute force policière, où qu'elle se trouve dans le monde.

Le commissaire Elliott a insisté maintes et maintes fois là-dessus, comme l'ont fait mes prédécesseurs.

Vous vous posez peut-être la question : en quoi la CPP aide-t-elle la GRC à mériter la confiance des Canadiens?

Eh! bien, la mission de notre organisme le dit mieux que tout : accroître la confiance du public envers la police.

Voilà notre objectif.

C'est ce qui motive le personnel de la Commission.

La CPP et la GRC ont exactement le même objectif quand il s'agit de gagner et de maintenir la confiance des Canadiens face à notre police nationale.

Rares sont ceux qui prétendraient que la GRC n'a pas connu de difficultés face à l'opinion publique depuis quelques années.

Pour sa part, la CPP a relevé en toute franchise les lacunes qui existent — à l'échelon tant organisationnel qu'individuel.

En tant qu'organisme d'examen indépendant et interlocuteur informé, la CPP est particulièrement bien placée pour entendre le public sur des questions policières essentielles qui peuvent avoir d'importantes répercussions sur la réputation de la GRC aux yeux de tout un chacun.

L'utilisation de l'arme à impulsions et la police enquêtant sur la police sont autant exemples de questions du genre.

Si nos détracteurs nous accusent d'être trop cléments envers la GRC et que votre patron nous juge trop critique, nous visons probablement juste.

Cela dit, malgré l'image que donnent parfois les médias de la relation entre nos deux organismes, et si percutants que soient certains des rapports que nous avons signés, dans les faits, la GRC accueille favorablement la grande majorité des recommandations que nous formulons pour améliorer son travail.

L'évolution et la faculté d'adaptation sont des facteurs de réussite de toute organisation et, comme le projet de transformation le montre clairement, c'est une idée que la GRC a vraiment faite sienne.

L'ex-président des états-Unis Ronald Reagan a déjà dit qu'il n'y a pas de limite à ce que nous pouvons accomplir si nous ne nous soucions pas de savoir qui en aura le mérite.

à mes yeux, la GRC et la CPP ont un même et unique but.

La CPP est fière de son bilan en fait d'équité et d'impartialité.

Si l'un ou l'autre de ces principes venait à manquer, nous ne saurions bien accomplir notre travail.

Un régime de surveillance civile crédible et efficace constitue un mécanisme essentiel, tant pour le grand public que pour la GRC elle-même.

Pour citer le commissaire, « [P]lus l'examen indépendant de la GRC est crédible, plus la GRC l'est, ou le sera, aussi ».

Je ne saurais dire mieux.

Je vous ai donné mon point de vue sur l'équité, l'impartialité et l'accessibilité.

Disons que ce seront là les grandes forces à l'origine de toute mesure et activité à la CPP.

Il importe également de reconnaître la façon originale dont vous vous y prenez, ici en Alberta, pour traiter les affaires liées à la conduite des membres.

Premièrement, en reconnaissance des préoccupations réelles du public à l'idée que la police fasse enquête sur la police dans des cas graves, vous avez collaboré et collaborez toujours volontiers avec l'équipe provinciale d'intervention en cas d'incident grave.

De même, je crois savoir que votre programme d'intervention précoce a ceci de tout à fait unique qu'il vise à détecter certains comportements avant qu'ils finissent par susciter des difficultés tant à l'interne que dans les relations avec le public.

Le public apprécie les efforts ainsi déployés, et j'espère que les autres provinces reprendront cette méthode fructueuse.

Quant à la vision que j'ai de la CPP à court terme, c'est bien simple : je veux consolider l'excellent travail accompli par mon prédécesseur en soumettant toujours à des normes rigoureuses les délais de réponse aux plaintes et aux demandes d'examen.

Je veux renforcer les processus de plaintes et d'examen et faire en sorte qu'il soit plus facile pour les citoyens d'accéder au système.

Il y a un autre objectif que je me donne en tant que président intérimaire : c'est de m'assurer que la relation de travail entre la CPP et la GRC repose sur une assise solide faite de confiance et de respect réciproque.

Parfois, nous allons simplement devoir accepter d'avoir des vues divergentes sur une question.

Chacun a son rôle à jouer, mais l'idée est de tenir pour acquis que le commissaire de la GRC doit rendre compte de la gestion et du fonctionnement de l'organisme.

Pour ce qui est de l'avenir, comme l'ont recommandé les présidents de la CPP au fil des ans, et comme l'ont fait aussi la Commission O'Connor, le Groupe de travail Brown, divers comités parlementaires et sénatoriaux et, bien sûr, la GRC elle-même, la création d'un nouveau régime de surveillance a été annoncé dans le cadre du budget de 2010.

En tant que président intérimaire, je crois bien que le renforcement du mandat de la CPP permettra de s'attaquer au problème de crédibilité évoqué.

Le public n'envisage plus comme avant les comptes à rendre par les institutions publiques, et particulièrement les services policiers, cela nous le savons; désormais, c'est à une rigueur beaucoup plus grande que nous sommes astreints.

Pour ce qui est de la vision à long terme que je me fais de la CPP, disons que l'organisme doit se préparer à réaliser un nouveau mandat.

Avec le concours du commissaire Elliott, et notamment de ses bons conseils, je compte aider les deux organismes à s'adapter à un nouveau régime de surveillance avec le moins de heurts possible.

à vous qui êtes sur le terrain, je demande aussi coopération et soutien.

Pour terminer, je dirai que, à mes yeux, la GRC est une institution essentielle à la santé et au bien-être des Canadiens dans tout le pays.

Nous avons tous grandi dans un pays où la tunique rouge et le Stetson sont des symboles qui suscitent la fierté des Canadiens.

Il suffit de penser aux gendarmes qui ont hissé le drapeau aux Jeux olympiques pour voir que l'image de la GRC et l'image du pays lui-même se confondent toujours.

Les Canadiens veulent que la GRC réussisse dans ce qu'elle fait.

à la CPP, nous croyons pouvoir jouer un rôle à cet égard en aidant la GRC à définir ce qu'est l'excellence en fait de services policiers.

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